Depuis un certain Chevalier ladre à Glyndebourne, les affinités électives de Vladimir Jurowski avec l’orchestre de Rachmaninov se sont imposées comme autant d’évidences. Personne ne sera surpris par la tension mortifère qu’il imprime à L’Île des morts, retrouvant la quintessence visionnaire qu’y mettait Svetlanov, tout en usant d’un orchestre bien plus clair : l’équilibre du grand crescendo a quelque chose de tristanesque.
Mais le parallèle avec Svetlanov est encore plus flagrant dans la Première Symphonie que tant abandonnent. Ici, il faut se montrer, prendre la parole, cette musique a besoin d’être aidée. Jurowski y dispense dès le Grave initial toute une poésie d’orchestre, couleurs cendrées, phrasés amers, jusque dans le scherzo fantasque de l’Allegro animato, rarement entendu aussi précisément rendu.
Les charges avec trompette du Finale pourront éclater, emportant dans leurs salves les éclats et les abimes dont le jeune Rachmaninov avait osé faire sa Première Symphonie, ouvrant les portes d’un nouveau monde, celui qu’aurait pu trouver Tchaïkovski, celui que n’avait pas su voir Glazounov.
LE DISQUE DU JOUR
Sergei Rachmaninov
(1873-1943)
Symphonie No. 1 en ré mineur, Op. 13
L’île des morts, Op. 29
London Philharmonic Orchestra
Vladimir Jurowski, direction
Un album du label LPO Live 0111
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Photo à la une : le compositeur Sergei Rachmaninov, en 1938 – Photo : © DR