Ce ne sont pas les pages pianistiques les plus courues écrites par Sergei Prokofiev qu’aura choisi d’enregistrer Lukas Geniušas. La Deuxième Sonate le trouve plus poète que virtuose, préférant séduire que surprendre. L’aspect novateur de l’œuvre laisse place à une veine plus lyrique. Lukas Geniušas aura voulu l’accorder à la fantaisie des brèves vignettes que sont les Dix Pièces Op. 12 si peu souvent enregistrées, où il détaille avec quelque chose d’assez français dans les timbres et un jeu vif, les danses ou plutôt les « idées de danses » que Prokofiev y aura assemblées comme les perles d’un collier.
Pourtant, le plus beau du disque reste la Cinquième Sonate, écrite en France, doucement nostalgique, pleine d’effets de miroirs et dont l’écriture pianistique évoque souvent Debussy, mais aussi les harmonies si peu conventionnelles de Poulenc, présentes avec plus d’évidence dans la première version de l’œuvre.
Lukas Geniušas tente, au travers de la version révisée, de faire entendre les singularités de l’original, et il parvient plus d’une fois. C’est le trésor de cet album discret.
LE DISQUE DU JOUR
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Sonate pour piano No. 2, Op. 14
Sonate pour piano No. 5, Op. 38/135 (version révisée)
10 Pièces pour piano, Op. 12
Lukas Geniušas, piano
Un album du label Mirare MIR412
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Photo à la une : le pianiste Lukas Geniušas – Photo : © DR