Réduire l’orchestre de parfums de Schéhérazade au piano, qui l’aurait crû possible ? Paul Gilson. Avouons-le, la transcription est modeste, et assez minimaliste, il faut tout le sens narratif de Simon Trpčeski pour lui faire évoquer les sortilèges colorés de l’original de Rimski-Korsakov, mais à mesure de l’écoute, je suis saisi par le récit, j’accepte de ne plus regretter l’orchestre.
Décidément, ce pianiste possède un art singulier, qui s’augmente encore lorsque la virtuosité le contraint à aller au-delà : écoutez seulement la puissance de sa lecture de la Nuit sur le Mont-Chauve, qu’il joue dans les complexifications que Konstantin Chernov aura ajoutées à la transcription pianistique coulée de la plume du compositeur.
Le plus beau de cet album de raretés reste les Contes de la vieille grand-mère de Prokofiev, piano diseur, élégant, subtil, entre conte et ironie, d’une beauté de timbres assez inouïe et qui me fait regretter que Simon Trpčeski n’ait pas ajouté la fantaisie pianistique que le jeune Prokofiev avait composée sur la Schéhérazade de son professeur : il l’aura même gravée pour rouleau mécanique.
LE DISQUE DU JOUR
Tales from Russia
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Contes de la vieille grand-mère, Op. 31
Modeste Moussorgski (1839-1881)
Nuit sur le Mont-Chauve
(arr. du compositeur, revu par Konstantin Chernov)
Nikolai Rimski-Korsakov (1844-1908)
Schéhérazade, Op. 35 (arr. pour piano : Paul Gilson)
Simon Trpčeski, piano
Un album du label Onyx Classics 4191
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Photo à la une : le pianiste Simon Trpčeski – Photo : © L. Saveski KulturOp