L’œuvre du père

Emmanuel Tjeknavorian n’en est qu’à ses débuts au disque, la critique allemande a été touchée par son timbre si particulier qui est effectivement celui d’une voix, soprano lyrique naturellement vouée aux explorations réflexives des deux premiers mouvements du Concerto de Sibelius. Mais dans la section centrale de l’Allegro moderato, soudain son archet abrase. Le Finale, dirigé avec beaucoup de caractère par Pablo González Bernardo qui caractérise les interventions des bois, créant des paysages où l’archet du jeune homme peut s’enflammer, est saisissant ; le bis de Komitas, chant éperdu de solitude, rappelle que tout cela fut capté en concert.

Le programme s’ouvre sur l’Opus 1 écrit par le père du violoniste, le chef d’orchestre Loris Tjeknavorian, dont les disques ASV sont devenus trop rares, si brillants, si ardents, encore trouve-t-on parfois les Symphonies de Borodine qu’il grava pour RCA.

Œuvre de jeunesse écrite alors que le futur chef d’orchestre était encore au Conservatoire, qui avoue avec bonheur son amour pour le Concerto de Khatchaturian, modèle pour tous les Arméniens d’Iran épris de musique.

Inutile de vous dire que le jeune homme y fait merveille dans l’écrin de musique populaire des cordes francfortoises. Espérons que demain Berlin Classics continuera à documenter l’art du fils, et peut-être même à enregistrer en première mondiale les grandes œuvres écrites pour l’orchestre par le père.

LE DISQUE DU JOUR

Loris Tjeknavorian
(né en 1937)
Concerto pour violon et orchestre, Op. 1
Jean Sibelius (1865-1957)
Concerto pour violon et orchestre en ré mineur, Op. 47
Komitas Vardapet
(1869-1935)
Krunk

Emmanuel Tjeknavorian, violon
Frankfurt Radio Symphony
Ulrich Edelmann, direction (Tjeknavorian)
Pablo González Bernardo (Sibelius)

Un album du label Berlin Classics 030142BC
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Photo à la une : le violoniste Emmanuel Tjeknavorian – Photo : © DR