Briller ? Johan Dalene, dix-huit ans au moment de l’enregistrement, dit la première phrase du Concerto de Tchaikovski sans appuyer sur la corde des sentiments, et puis suspend. L’orchestre l’écoute, le suit, et jusque dans ce medium où une cantatrice venue d’un autre temps voudrait dire quelque chose.
Suspendre, retenir, préférer le repli à l’affirmation, ah non !, ce n’est pas briller, mais émouvoir plutôt. Lorsqu’il faudra fuser, l’archet, léger, la main gauche, intraitable, s’en chargeront, mais lorsqu’il faudra dire, chanter, cela viendra du cœur.
Chez Tchaikovski, ce tout jeune archet choyé par Janine Jansen et Gidon Kremer pense encore à se boutonner avec style ; comment le lui reprocher d’autant qu’à la seconde suivante, il est là, osant paraître (et quel caractère dans le Finale).
Chez Barber, l’archet se libère, sans pour autant abandonner son ton lyrique, ses replis dans les phrases, ses suspensions qui cherchent la tendresse du chant, l’émotion du retrait. C’est d’un artiste, fragile, touchant, encore béni par sa jeunesse, qu’on ne nous le change pas !
LE DISQUE DU JOUR
Piotr Ilitch Tchaikovski (1840-1893)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, Op. 35, TH 59
Samuel Barber (1910-1981)
Concerto pour violon et orchestre, Op. 14
Johan Dalene, violon
Norrköping Symphony Orchestra
Daniel Blendulf, direction
Un album du label BIS Records 2440
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Photo à la une : le violoniste Johan Dalene, à New York – Photo : © DR