Ce sont les débuts de Karłowicz, deux recueils datant de sa vingtième année, nostalgiques portant l’empreinte du mal du pays alors qu’il vit à Berlin, où passent quelques souvenirs des Tatras, merveilles pudiques sur lesquels Piotr Beczała met son timbre glorieux qui ne l’empêche pas de suggérer, et lorsque le ton se fait très salon comme dans Avec le nouveau printemps, quel charme, on croirait une romance de Gounod.
Ces pages mineures et délicieuses, parfois plus ombreuses durant le séjour berlinois, ne vous apprendront rien sur l’auteur des poèmes symphoniques, sinon que sa mélancolie y paraît au détour d’une phrase, surtout lorsqu’il met en musique les poèmes de Kazimierz Przerwa-Tetmajer, mais pourquoi bouder son plaisir ?
Après les charmes conquérants de Ma plus belle chanson, Piotr Beczała et Helmut Deutsch ajoutent six mélodies de Moniuszko, et soudain le génie du père de l’opéra romantique polonais rayonne, charme entêtant, mélancolie, et cet appel soudain, vraie aria de ténor quasiment à chanter en scène, ce Kennst du das Land de Goethe dans la traduction de Mickiewicz.
Et si demain Piotr Beczała poursuivait chez Moniuszko ? Le grand cycle du Caucase est écrit pour lui.
LE DISQUE DU JOUR
Mélodies pour voix et piano de Mieczysław Karłowicz et Stanisław Moniuszko
Piotr Beczała, ténor
Helmut Deutsch, piano
Un album du label Institut Chopin de Varsovie NIFCCD 114
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Photo à la une : le ténor Piotr Beczała – Photo : © DR