Eloquence

La langue roide de Louis Couperin trouva son meilleur avocat dans le grand geste du clavecin de Blandine Verlet, il faudra désormais lui adjoindre les danses altières et les récits lyriques que Rinaldo Alessandrini contraste avec tant de véhémence sur le clavecin roide qu’il aura choisi pour cet album sévère et rayonnant à la fois. Quel dommage que l’éditeur n’indique pas l’instrument joué ici.

Son grain astringent correspond aux audaces harmoniques, aux tensions que cette langue singulière avive, Louis Couperin transportant l’art de la Suite loin des conventions de son époque, comme le souligne Rinaldo Alessandrini dans la note du livret.

Il relie par l’intermédiaire du Manuscrit Bauyn l’art de Couperin à celui de Froberger, alliant dans la Deuxième Suite, dont le Prélude est une imitation de la Toccata prima de son ami, une Gigue du même Froberger, mais aussi des pièces de Rossi, une Gavotte de Hardel, une Pavane Angloise d’un Anonyme.

Au centre du disque, une lecture aux couleurs tragiques de la Suite en fa majeur, grandiose par ses phrasés, ardente dans ses danses (les deux Courantes, pleines de gestes impérieux), phrasée avec un art de la diction tout au long d’une Sarabande d’anthologie.

Alors le Tombeau de Mr. de Blancrocher pourra faire résonner ses luths imaginaires, sombre merveille d’un disque plus sombre que la plus sombre des nuits.

LE DISQUE DU JOUR

Louis Couperin (1626-1661)
Suite en la mineur
Suite en fa majeur
Suite en ré mineur

Rinaldo Alessandrini, clavecin

Un album du label naive classique OP30577
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Photo à la une : le claveciniste Rinaldo Alessandrini – Photo : © DR