La Deuxième Symphonie, avec ses mystérieux arrêts, ses bois célestes, ses cordes d’eau claire, est un éden. C’est ainsi que la voit et la fait entendre Christian Thielemann, la rapprochant de Schubert. Il abdique ici ce ton altier, ces gestes larges, ces crescendos hymniques qui, à Vienne comme à Dresde, signent ses interprétations des grandes symphonies de la maturité.
Fluide, serein, se laissant séduire par les clartés polyphoniques de la Staatskapelle dont l’acoustique si naturelle de la Elbphilharmonie expose les rayonnantes beautés, il les laisse jouer : la captation d’Alexander Radulescu qui le montre si économe de geste, si tranquille malgré cet œil toujours aux aguets, saisit la maîtrise confondante d’un art qui va à l’essentiel.
Thielemann, dans sa jeunesse, eut quelques tentations narcissiques, il s’enivrait de la beauté de ses orchestres, mais depuis qu’il s’est enraciné à Dresde, la Staatskapelle lui aura offert son idéal sonore, il n’a plus guère qu’à en modeler l’espressivo, si émouvant dans la mélancolique procession nocturne du vaste Andante qui déroule sa voie lactée de pianissimos, dix-huit minutes de pure magie que l’édition de la version 1877 revue par William Carragan embellit encore en rendant compte de la simplicité initialement employée ici par Bruckner.
Etape majeure de ce nouveau cycle entrepris par l’alliage parfait d’un orchestre et d’un chef immergés dans Bruckner. Aujourd’hui, seul Herbert Blomstedt à Leipzig atteint le même degré d’inspiration.
LE DISQUE DU JOUR
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie No. 2 en ut mineur, WAB 102
Staatskapelle Dresden
Christian Thielemann, direction
Un DVD du label C Major Entertainment 730508
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Photo à la une : le chef d’orchestre Christian Thielemann – Photo : © DR