Finalement, Herbert von Karajan eut gain de cause. Après des saisons passées à redorer le blason des Wiener Symphoniker, il fut décrété en 1955 chef à vie de ses chers Philharmoniker, l’autre phalange de la ville avec laquelle il avait gravé ses premiers 78 tours, puis Salzbourg tomba inévitablement dans son escarcelle l’année suivante.
Au Festpielhaus, il imposa des concerts où de nouveaux standards de qualité d’exécution, mais aussi une certaine approche philologique des œuvres, redorèrent le blason du Festival. Richard Strauss fut au centre de ce nouveau magister, l’opéra comme la symphonie.
La soirée du 30 août 1964 révèle combien au concert il savait saisir l’instant. Secret de cet art, sa considération de la longueur du temps musical, penser l’interprétation comme une globalité, les structures des phrases musicales par une quinzaine de mesures au minimum, ce qui laissait l’espace nécessaire à une certaine fantaisie, une improvisation des détails qui jamais ne parvenaient à briser la ligne générale.
Pierre Fournier, délivré de tout magister, ne pense plus qu’à son personnage et le voyage merveilleux d’Ainsi parla Zarathoustra délesté de la moindre philosophie, fait fuser les paysages. C’est un choix, et après Clemens Krauss, seul Karl Böhm sut retrouver la quadrature du cercle qu’Herbert von Karajan avait si bien brisée.
LE DISQUE DU JOUR
Richard Strauss (1864-1949)
Also sprach Zarathustra, Op. 30
Don Quixote, Op. 35
Pierre Fournier, violoncelle
Rudolf Streng, alto
Wiener Philharmoniker
Herbert von Karajan, direction
Enregistré à Salzburg le 30 août 1964
Un album du label Orfeo C909151B
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Photo à la une : le chef d’orchestre Herbert von Karajan, entouré de son épouse Eliette (à gauche) et de Romy Schneider – Photo : © DR