« Bois frissonnants, ciel étoilé », le premier vers de l’immortelle mélancolie dont se berce Ernest Chausson en glissant ses notes dans les mots de Charles Cros, pourrait être mis en exergue à cette ballade en style libre parmi la mélodie française, de Berlioz à Marcel Louiguy.
Significativement, Véronique Gens et I Giardini place à l’exacte centre de leur album le chef-d’œuvre de Chausson, cette Chanson perpétuelle, l’embaumant d’une tristesse délétère qui met à l’ensemble d’un programme très varié une touche de nostalgie dont les échos iront jusqu’à colorer leur merveilleuse La Vie en rose dans l’arrangement si élégant d’Alexandre Dratwicki : Véronique Gens ose le chanter en vrai chanteuse d’opéra, manière d’augmenter encore l’hommage à Piaf en s’écartant au maximum de sa vocalité.
Tout l’album se savoure, des splendeurs abyssales du Nocturne de Lekeu – chef-d’œuvre ! – au numéro de charme de J’ai deux amants de Messager ou de La dernière Valse de Reynaldo Hahn, comme si l’Esprit français avait été enclos dans cette heure de musique.
Et puisque Véronique Gens finit chez Hahn, j’ose lui demander qu’enfin, elle qui flirte depuis un certain temps avec Reynaldo, lui consacre un plein album.
LE DISQUE DU JOUR
Ernest Chausson (1855-1899)
Chanson perpétuelle, Op. 37
+ Mélodies de Guillaume Lekeu, Gabriel Fauré, Hector Berlioz, Fernand de la Tombelle, Jules Massenet, Camille Saint-Saëns, Guy Ropartz, Marcel Louiguy, André Messager, Reynaldo Hahn
Franz Liszt (1811-1886)
La lugubre gondola, S. 134 (version pour violoncelle et piano)
Charles-Marie Widor (1844-1937)
Quintette avec piano No. 1 en ré mineur, Op. 7 (extrait : III. Molto vivace )
Véronique Gens, soprano
I Giardini
Un album du label Alpha Classics 589
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Photo à la une : © DR