L’accord de pose, les doigts murmurent le motif elliptique comme la promesse d’un regret, léger l’orchestre répond et anime à mesure la grande intrada qui pourrait être d’une symphonie. Voici bien longtemps que je n’avais pas entendu un aussi beau Quatrième Concerto, le plus métaphysique des cinq, où il faut avant tout savoir suggérer. Martin Helmchen y est chez lui absolument, par la simple grâce du jeu, l’inflexion subtile des phrasés, l’élégance des timbres qui font de son piano un autre orchestre, et comme tout cela se marie dans les paysages qu’Andrew Manze lui tisse !
La beauté infinie de cet art est quelque chose d’assez unique aujourd’hui, alors même que tant de concertistes se ruent dans les studios pour enregistrer le plus aisément accessible des ensembles laissés par Beethoven, et y laissent pas mal de plumes.
Inutile de le souligner, et même si jy ’attends Stephen Hough avec curiosité, Martin Helmchen les domine tous, et n’a dans mon souvenir pour la pure beauté naturelle, la concentration du propos et l’élégance de la réalisation, que Kempff et Solomon pour rivaux. Comme eux, il pense son Beethoven en partant de Mozart. Sommet de ce second volume de son intégrale, l’Andante con moto du sol majeur, tenu toujours dans ce son de quasi silence qui vous serre le cœur.
Le Premier Concerto, solaire, joueur, mais surtout poétique, est pur giocoso, du Mozart avec toute l’impertinence que Beethoven y glissa en plus, paire parfaite comme celle déjà enclose dans le premier volume.
LE DISQUE DU JOUR
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano et orchestre No. 1 en ut majeur, Op. 15
Concerto pour piano et orchestre No. 4 en sol majeur, Op. 58
Martin Helmchen, piano
Deutsches Symphonie-Orchester Berlin
Andrew Manze, direction
Un album du label Alpha 575
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Photo à la une : le pianiste Martin Helmchen – Photo : © DR