Les rôles mozartiens et straussiens de Júlia Várady sont documentés, et avec la Judith de Bartók, auront assuré sa renommée. Le disque fut plus avare avec son grand parcours chez Wagner qu’heureusement Orfeo a illustré, et l’on retrouve ici sa Senta, Ballade comme une invocation où en 1993, la voix se pare d’une insolente jeunesse. Plus étonnante encore la grande scène de l’Acte II face au Hollandais si humain, si perdu, de Franz Grundheber, jamais cité parmi les grands tenants du rôle, il faudra l’ajouter même si, ici, il est parfois au bout de sa voix, la réponse que lui fait Várady, impalpable, est absolument ensorcelante.
Mais le sujet de ce disque commencé chez Wagner est absolument le versant italien du répertoire de la soprano, sa voix longue, capable de chanter legato éperdument, la destine naturellement à la Leonora de la Forza, qu’elle ourle de couleurs fauves magiques dans la détresse de l’air introductif, et prenant face dans la grande scène du meurtre par accident à l’Alvaro solaire de Giuseppe Giacomini. Miracle, Marcello Viotti est à la baguette, donnant à l’orchestre de Verdi ce relief sensible, cette aération, qui plaident pour que l’intégralité de la représentation soit publiée.
La même année (1993 encore), elle sera Aida, prise dans la fausse affection de l’Amneris d’une Lipovšek hypocrite et lui répondant comme un incendie, stellaire dans la scène du Nil face à nouveau à Grundheber.
Trois ans plus tard, sa Leonora du Trovatore, immense, ardente, évoque rien moins que Dusolina Giannini, et toujours Giacomini cette fois en Manrico : Vienne soignait ses distributions Verdi dans les années 1990. Trois ans plus tard c’est encore Giacomini qui sera son Otello, sombre, gigantesque, où sa Desdemona si aristocratique ne se perd pas, ni de timbre, ni de mots dans les échanges crescendo de l’Acte III. Ave Maria et « Chanson du saule » à pleurer. Là encore, l’édition intégrale de la soirée s’impose.
LE DISQUE DU JOUR
Richard Wagner (1813-1883)
Scène extraite de : Der fliegende Holländer, WWV 63
Giuseppe Verdi (1813-1901)
Scènes extraites de : La forza del destino, Aida, Il trovatore, Otello
Júlia Várady, soprano
Marjana Lipovšek, mezzo-soprano
Giuseppe Ciacomini, ténor
Franz Grundheber, baryton
Chœur et Orchestre de l’Opéra d’Etat de Vienne
Ulf Schirmer, direction
Marcello Viotti, direction
Christian Badea, direction
Stefan Soltész, direcction
Donald Runnicles, direction
Un album du label Orfeo C730071B
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Photo à la une : la soprano Júlia Várady – Photo : © DR