La Fantaisie « Wanderer » ? Edwin Fischer d’abord, je l’ai apprise avec lui, puis Sviatoslav Richter qui en quelque sorte pouvait l’épuiser, de sons, de motifs, de texte simplement, et puis surtout Wilhelm Kempff, la transportant, et me transportant ailleurs. Depuis, sur son piano historique, Viviana Sofronitsky aura elle aussi suivi les pas de Richter et surtout, lorsque cela chante et dit, ceux de son père.
Ouvrant ce nouvel album, je ne m’attendais pas – après son joli disque Debussy, ses Concertos de Mozart avec Yannick Nézet-Séguin ne m’étant pas parvenus – à ce piano d’airain qui emporte la première section, et moins encore à ce chant de Leiermann du lied central. Le son s’est madré, les notes parlent, l’espace harmonique s’est ouvert, cela dit assez qu’un musicien est né dans ce pianiste, et qui a su, sortant de sa chrysalide, transmuer son instrument.
Le voilà dans la cour des grands, la profondeur sans pesanteur de sa Wanderer le prouve, l’espressivo de la Sonate de Berg, la pureté de la conception de sa Sonate de Liszt, sans un gramme d’esbroufe et faisant oublier les prodiges de la technique par la seule musicalité, cette triade fait un album stupéfiant sacrant un des pianistes majeurs de sa génération.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Schubert (1797-1828)
Fantaisie en ut majeur, D. 760 « Wanderer »
Alban Berg (1885-1935)
Sonate pour piano, Op. 1
Franz Liszt (1811-1886)
Sonate pour piano en si mineur, S. 178
Seong-Jin Cho, piano
Un album du label Deutsche Grammophon 4827909
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Photo à la une : le pianiste Seong-Jin Cho – Photo : © Christoph Köstlin