On a si peu de Beethoven selon Vlado Perlemuter, et même dans les concertos dont il jouait volontiers les trois derniers. Au disque, pour la Guilde, un Empereur avec Christian Vöchting, le poulain d’Ernest Ansermet disparu si tôt, montrait la ligne classique, la sonorité ailé, l’élégance des phrasés qui immanquablement rapprochaient son art de celui de Wilhelm Kempff.
Même parenté dans le Concerto en sol majeur si fluide, tout en lumière jusque dans les ombres qu’un très beau piano l’aide à modeler. Miracle, jusque dans la prière de l’Andante où soudain le classicisme serein cède le pas devant des accords de pur belcanto. Et quel écrin attentif lui fait Zdeněk Košler, creusant des cordes très surveillées. Le Finale sera souple, félin, avec quelque chose d’absolument fluide là encore, que le 3e Concerto enregistré deux ans plus tôt montrait moins, très formé, joué avec une sorte de fantaisie plus affirmée, des accents, un giocoso tout mozartien dans l’accompagnement plus lâche de Francis Chagrin. Yves Saint-Laurent a édité un autre Concerto en ut mineur selon Vlado Perlemuter, à Bamberg, accompagné par Josef Keilberth ; j’y reviendrai.
Au Royal Festival Hall, à Londres, le 7 décembre 1967, dans l’accompagnement précis et vif d’Antal Doráti, Arthur Rubinstein enchaîne les deux concertos, jouant comme pour lui-même, avec une certaine discrétion, semblant s’enchanter de la beauté naturelle de sa sonorité.
La simplicité même, l’évidence, qui n’exclut pas une fantaisie poétique pour mieux défier toute tentation d’un classicisme univoque alors même que la clarté de son jeu semble y inclinait. Paradoxal Rubinstein, qui paraît ici dans la lumineuse évidence de son art, toujours plus libre au concert qu’au disque.
LE DISQUE DU JOUR
Vlado Perlemuter Edition
Vol. 12
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano et orchestre No. 3 en ut mineur, Op. 37
Concerto pour piano et orchestre No. 4 en sol majeur, Op. 58
Vlado Perlemuter, piano
Orchestre Philharmonique de l’O. R. T. F.
Francis Chagrin, direction (Op. 37, enr. Paris, 22 juin 1971)
Zdeněk Košler, direction (Op. 58, enr. Paris, 9 janvier 1973)
Un album du label St-Laurent Studio YSL T-947
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Arthur Rubinstein Edition
Vol. 5
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano et orchestre No. 3 en ut mineur, Op. 37
Concerto pour piano et orchestre No. 4 en sol majeur, Op. 58
Arthur Rubinstein, piano
London Philharmonic Orchestra
Antal Doráti, direction
Concert enregistré le 7 décembre 1967
Un album du label St-Laurent Studio YSL T-796
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Photo à la une : le pianiste Arthur Rubinstein au Concertgebouw – Photo : © DR