Baiba Skride aura jusque-là confronté son Stradivarius boisé aux concertos du XXe siècle, une moderniste croyais-je, et la voilà aujourd’hui chez Mozart !
J’ai pris l’album avec des pincettes mais dès que j’ai entendu l’élan avec lequel elle saisit l’Allegro aperto du 5e Concerto, je les ai vite abandonnées.
Miracle de fluidité par l’archet, de caractère par la touche, ses Concertos sont des opéras, son violon ose des phrasés de cantatrice, toute une folle imagination de théâtre qui déleste ce mince corpus de tout classicisme. Vous imaginez la turquerie finale du même Concerto en la majeur ! Et comment Eivind Aadland, avec qui elle avait déjà trouvé un accord si brillant et si sensible à la fois pour son Deuxième Concerto de Bartók, lui accompagne tout cela dans les teintes automnales de l’Orchestre de Chambre Suédois !
Dans cette fête de plein air, où le violon danse, s’instille dès le Concerto en si bémol majeur une discrète nostalgie portée naturellement par la sonorité légèrement ambrée de son Stradivarius, aux harmonies si subtiles. Cette mélancolie discrète envahira même les deux Rondos, l’Adagio également, précieux compléments d’un ensemble sensible, émouvant, auquel manque la Symphonie concertante, le Concertone. Demain .. peut-être ?
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour violon No. 1
en si bémol majeur, KV 207
Concerto pour violon No. 2
en ré majeur, KV 211
Concerto pour violon No. 3 en sol majeur, KV 216
« Strassburg »
Concerto pour violon No. 4 en ré majeur, KV 216
Concerto pour violon No. 5 en la majeur, K. 219 « Turc »
Adagio pour violon et orchestre en mi majeur, KV 261
Rondo en si bémol majeur, KV 269/261a
Rondo pour violon et orchestre en ut majeur, KV 373
Baiba Skride, violon
Swedish Chamber Orchestra
Eivind Aadland, direction
Un album du label Orfeo C997201
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Photo à la une : la violoniste Baiba Skride – Photo : © DR