Baryton Schumann

Commencer chez Schumann pour un liedersänger d’aujourd’hui est assez rare, tous préférant se flatter la voix chez Schubert, mais en plus y commencer avec les Kerner, cycle réservé à ceux qui savent déjà tout leur Schumann, quelle audace !, qui lui porte chance.

La voix est belle, vrai baryton avec de l’aigu – écoutez la prière de la jeune fille devant la Vierge (Stirb, Lieb’ und Freud’ – et ailleurs des registres pleins qui peuvent envoler les mots et peindre les émotions. Tous les Kerner sont magnifiques, aussi bien dans le ton de ballade que dans les pages de confession, et comme jadis faisait Gérard Souzay, Samuel Hasselhorn y narre d’autres amours du poète, le piano diseur de Joseph Middleton l’y conduisant, aède lui-même.

Mais tout le disque est précieux, qui autour de ce cycle majeur assemble des opus souvent peu courus comme Tragödie (chasse gardée des mezzos généralement) ou les Cinq Lieder, Op. 40, et dans une page aussi célèbre que Die beiden Grenadiere, préfère au pathétique du sentiment le réalisme du récit.

harmonia mundi, faisant entrer ce jeune homme à son catalogue par sa collection « harmonia nova », aura beau jeu d’en faire son nouveau baryton, il ne déparera pas après Matthias Goerne.

LE DISQUE DU JOUR

Robert Schumann (1810-1856)
Tragödie, Op. 64 No. 3
Belshazzar, Op. 57
12 Gedichte von Justinus Kerner, Op. 35
Die Löwenbraut, op. 31 No. 1
Die beiden Grenadiere, Op. 49 No. 1
Die feindlichen Brüder, Op. 49 No. 2
5 Lieder, Op. 40

Samuel Hasselhorn, baryton
Joseph Middleton, piano

Un album du label harmonia mundi HMM916114
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Photo à la une : le baryton Samuel Hasselhorn – Photo : © Nikolaj Lund