La voix de Schubert

Lancée dans une édition complète des Lieder de Schubert où, face à l’ogre Fischer-Dieskau, Deutsche Grammophon lui laissait le peu que l’auteur du Roi des aulnes n’aura pas écrit pour lui-même ou pour ses amis, Gundula Janowitz osait à Salzbourg le récital le moins public possible et même pour les mélomanes du festival rompus aux Liederabend les plus exigeants.

Dans les Schubert, elle est splendide, jusque dans le souffle qui fait défaillir son Atys avant sa métamorphose en cyprès, dorant de son timbre de pleine lune Le Pays des Dieux grecs, comme l’infiniment perdu d’Einsamkeit. Le récital voudrait aussi consacrer Hüttenbrenner, ami de Schubert et chantant avec lui dans leur cercle privé, mais aussi subtiles que soient ses mélodies, elles n’atteignent jamais au même degré d’évidence, comme si le poème renâclait devant les notes.

Mais pour en revenir à Janowitz, qui aura brulé d’un tel feu en Schubert, elle qu’on accuse d’être froide ? Elisabeth Grümmer et Irmgard Seefried, pas moins.

Récital miraculeux où le piano cultivé d’Irwin Gage n’y est pas pour peu. Janowitz est au niveau de ses Vier letzte Lieder et ses « donne » de Mozart, si sensibles, si émouvantes, schubertiennes elles aussi, à y bien songer, d’une même voix, aux nostalgies si lumineuses.

LE DISQUE DU JOUR

Franz Schubert (1797-1828)
Im Freien, D. 880
Die Gebüsche, D. 646
Sehnsucht, D. 516
Die Götter Griechenlands,
D. 677

Atys, D. 585
Der Fluss, D. 693
Einsamkeit, D620
Anselm Hüttenbrenner (1794-1868)
Lerchenlied
Spinnerlied
Der Hügel
Frühlingsliedchen
Die Seefahrt
Seegras
Die Sterne

Gundula Janowitz, soprano
Irwin Gage, piano

Un album du label Orfeo C592021B
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Photo à la une : Herbert von Karajan avec la soprano Gundula Janowitz – Photo : © culture-images/Lebrecht