Kubelík Rhénan

Rafael Kubelík fit de Munich son fief, pour le concert comme pour l’opéra, et ce à compter de 1960, mais il développa également des affinités électives avec l’Orchestre de la Radio de Cologne dont Wilhelm Schüchter avait fait un instrument particulièrement flexible, le pensant d’abord au service de la Radio, et pour cela en équilibrant la balance avec un art certain. Aucun autre orchestre en Allemagne n’était alors aussi lumineux de son, et aussi précis quant au respect des textes.

Orfeo rappelle quelque beaux moments de leur collaboration, en assemblant des extraits de concerts pris entre 1960 et 1963 dont Schumann sort vainqueur : tiendrait-on là le plus éloquent Concerto selon Claudio Arrau ? Il phrase tout comme un chanteur, et emporte le Finale dans un mouvement irrépressible.

János Starker enfièvre le Concerto pour violoncelle, Kubelík lui dirigeant une vaste scène lyrique pleine d’ombres, lecture stupéfiante où le violoncelliste hongrois va bien plus loin que dans son enregistrement avec Carlo Maira Giulini. Et cette Rhénane brossée à fresque, d’une vigueur rythmique salutaire, saturée de paysages, risque bien d’être inoubliable.

Deux Mendelssohn emportés – Hébrides descriptives, Réformation hymnique- ajoutent de nouvelles œuvres à la discographie du chef, deux Haydn suprêmement stylés itou – et Kubelík savait alléger, élancer les grandes symphonies comme peu d’autres, incroyable que Deutsche Grammophon ne le lui ait concédé qu’une Messe et Orfeo la seule Création.

Apports majeurs certes, mais écoutez bien l’élan, la fantaisie qu’il met à accompagner son cher Rudolf Firkušný dans le Concerto de Dvořák, pénultième version que nous en laisse le pianiste, et l’une des plus vives.

LE DISQUE DU JOUR


Robert Schumann
(1810-1856)
Concerto pour violoncelle et orchestre en la mineur,
Op. 129

Concerto pour piano et orchestre en la mineur, Op. 54
Symphonie No. 3 en mi bémol majeur, Op. 97
« Rhénane »

Franz Joseph Haydn (1732-1809)
Symphonie No. 101 en ré majeur, Hob. I:101 « L’Horloge »
Symphonie No. 102 en si bemol majeur, Hob. I:102
Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847)
Les Hébrides ou la Grotte de Fingal, Op. 26, MWV P7
Symphonie No. 5 en ré majeur, Op. 107, MWV N15 « Réformation »
Antonín Dvořák (1809-1847)
Concerto pour piano et orchestre en sol mineur, Op. 33, B. 63

János Starker, violoncelle
Claudio Arrau, piano (Schumann)
Rudolf Firkušný, piano (Dvořák)

Kölner Rundfunk-Sinfonie-Orchester
Rafael Kubelík, direction

Un coffret de 3 CD du label Orfeo C726143D
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Photo à la une : le chef d’orchestre Rafael Kubelík, dans les bureaux du Concertgebouw, en 1950 – Photo : © DR