Wanda Landowska avait enregistré cinq ans plus tôt les Variations Goldberg, révélant une œuvre qu’elle réinventait en quelque sorte. Józef Koffler, les apprenant en écoutant ses disques, s’en empara avec autant d’amour que de respect. En quelque sorte, il les coloria en cette sombre année 1938 ; flûte, cor anglais, hautbois, basson, et les cordes, un ensemble pour des sérénades de Mozart où il fait entrer délicatement toute la poésie des Goldberg, comme à revers des transcriptions bruyantes de Schönberg ou Stokowski, si peu scrupuleux dans leurs habillages des œuvres d’orgue ; Koffler s’approche plutôt du geste minimaliste d’Anton Webern avec le Ricercar a 6 de L’Offrande musicale.
Koffler survécut cinq brèves années à « ses » Goldberg. Au printemps de 1944, la Gestapo l’abattra avec sa famille sans autre forme de procès. En 1993, le manuscrit refit surface à Berlin, et Trevor Pinnock a eu mille fois raison de l’enregistrer tant sa lumineuse poésie, la subtilité de ses couleurs, l’élégance de ses propositions vont au cœur du chef-d’œuvre de Bach. Et maintenant, si Trevor Pinnock se penchait sur les partitions originales de ce compositeur que l’on commence à découvrir ?
LE DISQUE DU JOUR
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Variations Goldberg, BWV 988 (arr. pour petit ensemble : Józef Koffler)
Royal Academy of Music Soloists Ensemble, with Guests from The Glenn Gould School
Trevor Pinnock, direction
Un album du label Linn Records CKD609
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Photo à la une : le claveciniste et chef d’orchestre Trevor Pinnock – Photo : © DR