Tout un premier album montrait déjà le tropisme anglais qui poursuivait l’alto d’Adrien La Marca, il faut avouer que son instrument fut bien servi par les compositeurs d’Albion, inspirés par la haute figure de Lionel Tertis, puis par celle de William Primrose. C’est pour Tertis que Walton composa en 1930 son grand soliloque pour alto et orchestre que les connaisseurs affirment être sa plus belle partition concertante pour un instrument à cordes.
Les paysages ténébreux de l’Andante comodo trouvent dans les sonorités profondes, un peu étouffées du grand alto que joue Adrien La Marca bien des correspondances poétiques. Il saura faire danser son instrument dans le Vivo qui est une gigue des Highlands, Christian Arming ardant ses Liégeois. Mais la vraie merveille reste la grande ballade du Finale que l’altiste joue caloroso.
Une harpe ouvre le On the Reel de Grisi, œuvre mystérieuse, toute cinématographique, où passe des souvenirs de Korngold, de Bernard Herrmann et d’autres musiques de films, la partie d’alto, conçu pour Adrien La Marca, est magique.
Une rareté pour finir, la Suite que Vadim Borisovsky, l’altiste du Quatuor Beethoven, tira du Roméo et Juliette de Prokofiev, et que Jean-Pierre Haeck orchestra en réalisant un subtil pastiche de l’original. Si les altistes se sont appropriés la transcription de Borisovsky, son orchestration offrira-t-elle un nouvel opus à leur répertoire concertant ? L’œuvre montre bien des charmes, choisissant d’abord dans les pages les plus lyriques où l’altiste chante avec art, mais Juliette jeune ou Mercutio lui donnent aussi l’occasion de faire assaut de virtuosité. Pourtant, le plus émouvant reste le grand songe funeste de La mort de Juliette.
Et si demain Adrien La Marca, profitant de sa résidence à Liège nous gravait avec Christian Arming le Concerto de Bartók et les partitions pour alto et orchestre d’Hindemith ?
LE DISQUE DU JOUR
William Walton (1902-1983)
Concerto pour alto et orchestre
Gwenael Mario Grisi (né en 1989)
On the Reel
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Roméo et Juliette – Suite pour alto et orchestre (arr. Vadim Borisovsky, orch. Jean-Pierre Haeck)
Adrien La Marca, alto
Orchestre Philharmonique Royal de Liège
Christian Arming, direction
Un album du label La Dolce Volta LDV75
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Photo à la une : l’altiste Adrien La Marca – Photo : © Alexander Kharlamov