Héroïne Strauss

La voix de Leonie Rysanek n’était pas si immense de nature, mais si bien placée, haut dans le masque comme les scandinaves, qu’elle le devint.

Strauss fut son empirée, et d’abord L’Impératrice dont elle avait la vocalise de voix lactée et aussi les graves pour le mélodrame, Orfeo la documentant très à propos en prenant le déroulement du troisième acte chez Böhm 54 (studio Decca) face à La Nourrice de Höngen, avec Karajan live en 1964 puis à nouveau pour Böhm en 1977 pour un Vater, bist Du’s ? probablement définitif.

Les mots de Chrysothemis face à Nilsson, la Salome si insolente pour Böhm en 1972 et même Ariadne un peu dolente jusque dans le timbre doivent s’effacer devant une Maréchale subtile dont le monologue pris lors d’une représentation des Viennois à Moscou est émouvant au possible, et on ne le croyait pas d’elle possible à ce point, est-ce parce que Josef Krips dirige ?

Hors Strauss, les surprises seront nombreuses, et d’abord cette Aida en allemand pour Kubelik, furieuse, inouïe d’angoisse, et cette Tosca en italien face au Scarpia de Berry qui laisse entrevoir quelle chanteuse multiple elle savait être, inattendue ici plus que dans cette Santuzza, ou dans le numéro de composition tardif d’une Sacristaine insensée.

Alors écoutez plutôt sa Tatiana face à l’Onegin de George London, ou la grande scène de Kundry avec le Parsifal de Siegfried Jerusalem, avant de revenir à Floria Tosca.

LE DISQUE DU JOUR

Leonie Rysanek
Wiener Staatsoper Live Recordings,
1955-1991

Œuvres de Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893), Giuseppe Verdi (1813-1901), Giacomo Puccini (1858-1924), Bedrich Smetana (1824-1884), Luigi Cherubini (1760-1842), Richard Wagner (1813-1883), Pietro Mascagni (1863-1945), Leos Janácek (1854-1928), Richard Strauss (1864-1949)

Leonie Rysanek, soprano

Un album de 2 CD du label Orfeo C6960721
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Photo à la une : la soprano Leonie Rysanek, avec le chef d’orchestre Karl Böhm – Photo : © DR