Les fastes de Versailles ont été beaucoup courus au disque, de la Chapelle au jardin en passant par la scène, serait-il temps pour qu’enfin le versant intime se révèle ?

« Collection La Chambre des Rois, n°1 », annonce l’éditeur, cette fois ce sera celle de Louis XIV à travers ses âges, le premier Bourbon d’ailleurs à tenter d’éloigner la pompe après le grand souper : la musique lui était depuis ses années de danseur son art propre, celui où il pouvait aussi ne pas éblouir.

Thibaut Roussel et ses amis assemblent ici un concert imaginaire qu’un CD donne d’abord à entendre avant qu’un DVD ne le donne à voir. Du brillant de la Grande pièce Royale au plus intime du Prélude pour la viole seule de Lemoyne, l’ambitus est d’emblée saisi avant que Marc Mauillon n’entonne le célèbre Sombres déserts de Michel Lambert (qui est un peu bas pour lui sans que son art en pâtisse) : l’air de cour, tant goûté sous Louis XIII prolonge encore ses poésies. Mais le grand théâtre de Lully est là aussi, repris par Philidor qui le magnifie au long d’une suite prise dans Atys, Alceste ou encore Le Triomphe de l’Amour ou Le Ballet des Muses.

Peu à peu, les pièces nocturnes envahissent ce disque hypnotique, la nostalgie s’infiltre jusque dans la grâce de la Chaconne des Harlequins que Thibaut Roussel pare d’une lumière dorée.

Un dernier divertissement où flûtes et violons dansent, formé de trois pièces de Marin Marais, puis la Grande Passacaille de Robert de Visée qui murmure sa plainte tendre et blessée. Danae Monnié entonne Laissez durer la nuit, peut-être le plus bel air coulé de la plume de Sébastien Le Camus avant que Le Dodo de Couperin ne vienne fermer les yeux de ce monarque dont le plus secret se sera incarné dans les musiques qu’il aura suscitées.

LE DISQUE DU JOUR

Le Coucher du Roi
Musiques pour la Chambre de Louis XIV

Œuvres de Michel-Richard de Lalande (1657-1726), Étienne Lemoyne (ca 1640-1715), Michel Lambert (1610-1696), Jean-Baptiste Lully (1632-1687), Anne Danican Philidor (1681-1728), Robert de Visée (ca 1650-1665-après 1732), Sébastien Le Camus (ca 1610-1677), Michel de La Barre (ca 1675-1745), Marin Marais (1656-1728) et François Couperin (1668-1733)

Danaé Monnié, dessus
Marc Mauillon, taille
Josèphe Cottet, violon
Yoko Kawakubo, violon
Thomas Leconte, flûte allemande
Valérie Balssa, flûte allemande
Myriam Rignol, violes de gambe
Mathilde Vialle, violes de gambe
Julie Dessaint, viole de gambe
Sébastien Daucé, clavecin
Romain Falik, théorbe, guitare
Thibaut Roussel, théorbe, guitare et direction

Un album avec un DVD du label Château de Versailles CVS029
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Photo à la une : le théorbiste Thibaut Roussel – Photo : © DR