Le plus beethovénien des cinq ? C’est ce qu’affirmait Géza Anda qui le jouait plus que les quatre autres. Martin Helmchen, dès son entrée ténébreuse, n’est pas loin de retrouver l’ardeur épique que le Hongrois y mettait. Admirable d’ampleur et de précision, son clavier fuse, emportant un discours héroïque où l’orchestre vient aussi batailler. C’est qu’Andrew Manze le dirige avec une conscience du style qui s’accorde parfaitement au grand geste du pianiste.
Ecoutez seulement le recueillement du récitatif qui ouvre le Largo, comment cette sonorité sait également méditer. Un des plus beaux Troisième Concerto que j’ai entendus, pas si loin de ceux de Rudolf Serkin, d’Annie Fischer, de Claudio Arrau, de Géza Anda évidemment.
Quel contraste lorsque parait le thème si débonnaire de l’Allegro du Triple Concerto, quel giocoso tout du long, où les trois amis ici présents s’enivrent à ce que Beethoven aura écrit de plus heureux.
Leur plaisir physique de jouer est contagieux, Andrew Manze met son orchestre sur les pointes, distillant dans l’humour des grains de poésie. Le Rondo alla Polacca commencé sotto voce par Antje Weithaas et Marie-Elisabeth Hecker, dansera dans un fin soleil, mettant un caractère éblouissant à cette coda d’une intégrale des Concertos pour clavier qui aura marqué l’année Beethoven.
LE DISQUE DU JOUR
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano et orchestre No. 3 en ut mineur, Op. 37
Concerto pour violon, violoncelle et piano en ut majeur, Op. 56 « Triple Concerto »
Martin Helmchen, piano
Antje Weithaas, violon
Marie-Elisabeth Hecker, violoncelle
Deutsches Symphonie-Orchester Berlin
Andrew Manze, direction
Un album du label Alpha 642
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Photo à la une : le pianiste Martin Helmchen – Photo : © DR