La voix est grande, agile et profonde à la fois, Krassimira Stoyanova m’avait époustouflé en Luisa Miller à Bastille, magnifique dans l’élégie, capable d’un chant orné qui aurait pu se mesurer à l’apogée du bel canto. Ses ascendances slaves l’auront plutôt poussé vers le répertoire russe, faisant son miel des héroïnes de Tchaikovski, de Rimski-Korsakov, mais c’est bien aux Italiens que sa voix pulpeuse la destinait.
Verdi évidemment, où elle fait assaut de style, mais également les véristes illustrés ici, et à nouveau quel chant tenu, surveillé, qui cherche la vérité des personnages en raffinant les portraits psychologiques.
Puccini est au centre de l’album, et d’abord Butterfly qu’elle saisit de toute sa grande voix, jusque dans le récit à l’enfant du deuxième acte, animé avec une ardeur que je n’y avais pas entendue depuis Sena Jurinac. Comme leurs voix sont proches dans ce répertoire !
Manon Lescaut est vénéneuse plutôt que charmeuse, une angoisse étreint Liù comme Angelica (géniale Senza mamma). L’air de Fidelia, si finement fait, me donne envie de réécouter Edgar. À la fin de l’album, un Vissi d’arte anthologique commande qu’elle enregistre tout le rôle, comme celui de Cio-Cio-San.
En dehors de Puccini, règne son Adrienne mesurée, suprêmement chantée, sa Suzel, sa Wally étreignante, sa Maddalena di Coigny et son souvenir des émeutes si poignant. Une rareté, la grande scène du troisième Acte de la Lodoletta de Mascagni, achève de faire de cet album un récital indispensable.
LE DISQUE DU JOUR
Verismo
Airs de Giacomo Puccini (Manon Lescaut, Turandot, Madama Butterfly, Suor Angelica, Edgar, Tosca), Francesco Cilèa (Adriana Lecouvreur), Pietro Mascagni (L’amico Fritz, Lodoletta), Alfredo Catalani (La Wally), Umberto Giordano (Andrea Chenier)
Krassimira Stoyanova, soprano
Münchner Rundfunkorchester
Pavel Baleff, direction
Un album du label Orfeo C 899171A
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Photo à la une : la soprano Krassimira Stoyanova – Photo : © DR