Infatigable dans l’extension de son répertoire, Michael Gielen vouait une attention particulière aux œuvres mêlant musique et théâtre, son interprétation si sentie du Lélio de Berlioz pour la Radio de Vienne en est une preuve supplémentaire par l’animation qu’il met aux numéros musicaux, soignant la poésie de l’orchestre (la harpe éolienne) et donnant tout son relief aux audaces de Berlioz (le saisissant chœur d’ombres, Froid de la mort).
Paille, ce qui était pour le public viennois un avantage considérable, le mélodrame dans sa traduction allemande défendu par un sobre Joachim Bissmeier, devient un handicap au disque, mais à peine en fait.
Surprise, pour les redoutables Chanson du pêcheur et Ô mon bonheur, le ténor si haut d’Herbert Lippert, au français si clair, est une merveille d’émotion et de bel canto, Geert Smits se débrouillant assez bien de la Chanson de brigands que Gielen lui emporte avec tant de caractère.
Mais vous vous précipiterez d’abord à la Fantaisie sur « La Tempête » de Shakespeare, faite avec des transparences et une invention que même Pierre Boulez n’aura su y mettre. Il se murmure qu’au même concert figurait la Symphonie fantastique. Ce serait bien qu’Orfeo l’édite.
LE DISQUE DU JOUR
Hector Berlioz
(1803-1869)
Lélio ou Le Retour à la vie,
Op. 14bis, H. 55b
Joachim Bissmeier, récitant
Herbert Lippert, ténor
Geert Smits, baryton
Wiener Singakademie
ORF Vienna Radio Symphony Orchestra
Michael Gielen, direction
Un album du label Orfeo C210071
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Photo à la une : le chef d’orchestre Michael Gielen – Photo : © DR