Pancho Vladiguerov fut un pianiste de première force, certains affirment qu’à son piano il évoquait Sergei Rachmaninov lui-même. À son exemple, il s’écrivit de formidables Concertos pour piano avec lesquels il se fit un nom des deux côtés de l’Atlantique, autant comme virtuose que comme compositeur.

Son œuvre pour piano seul est restée autrement méconnue, injustice qu’expliquent leurs destinataires, certes de fabuleux pianistes, mais demeurés, comme tant d’artistes bulgares, prisonniers du rideau de fer. Les six pièces de l’Opus 17 sont exotiques même pour un compositeur des Balkans, le fastueux Nocturne-sérénade a des parfums de Grenade et de Marrakech, alors que le Prélude qui flirte avec les modes roumains prend ici ou là des traits arabisants.

Ce sont, notées un peu partout au bord de la Méditerranée, des musiques de cultures mêlées, assaisonnées d’un Orient de Mille et Une Nuits, que les grands moyens pianistiques de Nadejda Vlaeva transforment en contes.

Quelle Shéhérazade !, qui sait aussi trouver la poésie elliptique des dix Impressions, cahier mystérieux renfermant l’essence du langage harmonique du compositeur et probablement l’un de ses opus majeurs. Poursuivra-t-elle dans ce corpus qui attendait depuis trop longtemps son prophète ?

LE DISQUE DU JOUR

Pancho Vladiguerov (1899-1978)
6 ekzotichni prelyudii (Préludes exotiques), Op. 17
10 impresii (Impressions),
Op. 9

Nadejda Vlaeva, piano

Un album du label Hypérion CDA68327
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Photo à la une : la pianiste Nadejda Vlaeva – Photo : © Lisa-Marie Mazzucco