Beethoven et Schnittke, couplage étrange ? C’est que le second aura mis sa plume dans l’œuvre du premier, écrivant des cadences avec timbale qui firent sensation lorsque Gidon Kremer les révéla.
Vadim Gluzman aura donc suivi son modèle, du moins en apparence, car dès son entrée royale, phrasée large et d’un archet rayonnant, le son âpre de Kremer est oublié. Le jeune homme préfère chanter et dans le Larghetto, il est simplement stellaire, archet léger, chant d’oiseaux, hors du temps et probablement hors du monde, James Gaffigan lui tendant le fil pour sa déambulation de somnambule. Émouvante version d’un chef-d’œuvre que j’écoute comme si je le découvrais, c’est peu dire, tant les phrasés, les accents, les couleurs réinventent, autant chez le violoniste que dans l’orchestre, une partition trop souvent considérée comme intouchable.
Le Troisième Concerto de Schnittke, avec son archet sous acide, n’est qu’un ajout, il faudra l’entendre un autre jour pour prendre la mesure d’une interprétation fabuleuse, mais déranger le bonheur sans mélange de ce Concerto de Beethoven réinventé par Vadim Gluzman, même avec les cadences explosives de Schnittke, non. Plutôt le réentendre, encore et encore.
LE DISQUE DU JOUR
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, Op. 61 (Cadences : Schnittke)
Alfred Schnitke (1934-1998)
Concerto pour violon et orchestre No. 3
Vadim Gluzman, violon
Luzerner Sinfonieorchester
James Gaffigan, direction
Un album du label BIS Records 2392
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Photo à la une : le violoniste Vadim Gluzman – Photo : © Marco Borggreve