Mahler serait-il devenu un enjeu majeur pour les chefs de la nouvelle génération ? Kirill Petrenko, versé naturellement dans le post-romantisme, y confronte son art sévère, n’hésitant pas à le brider, quitte à amoindrir l’impact immédiat d’une œuvre aussi étreignante que la Sixième Symphonie : lors de son concert de janvier 2020 avec les Berliner, celle-ci avait montré les limites et quasiment l’envers de son art.
Deux années plus tôt au Théâtre National de Munich et avec le Bayerisches Staatsorchester, il trouve avec une évidence assez confondante la poésie nocturne, les irréelles déviations lyriques, le ton de grande rhapsodie de la si difficile Septième Symphonie. Son secret ? Lui laisser tout le temps d’épanouir ses paysages mystérieux, savourant sans vergogne les beautés de son orchestre munichois, s’y abandonnant, lui que je croyais si maître de ses émotions.
Au revers des interprétations vives, telluriques de Claudio Abbado, qui mettait dans cette nuit un inextinguible soleil, Petrenko m’engage dans une succession de paysages nocturnes fascinants par leur exactitude poétique, mais attention, une telle conception exige une concentration supérieure de l’écoute, aucun effet ne viendra vous accrocher l’oreille jusque dans un Finale tenu.
Merveilles, les deux Nachtmusik, une telle poésie de timbres pour iriser les fabuleuses « Klangfarbemelodien » ne s’est plus entendue depuis les gravures avec le Concertgebouw de Bernard Haitink ou Riccardo Chailly. Y aurait-il d’autres concerts Mahler à Munich qui puissent être édités ?
LE DISQUE DU JOUR
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 7
Bayerisches Staatsorchester
Kirill Petrenko, direction
Un album du label Bayerisches Staatsoper Recordings BSORECC0001
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Photo à la une : le chef d’orchestre Kirill Petrenko – Photo : © DR