Été 1943, Nino Rota écrit sa Piccola offerta musicale dédiée à Alfredo Casella, un peu moins de quatre minutes, une pastorale joueuse, filante, comme une échappée belle au sein de la guerre, où passent des souvenirs stravinskiens, estompés, dans l’univers miniaturisé de cinq instruments à vent. Qui aurait été Nino Rota si le cinéma ne l’avait requis, question classique et vite répondue. Nino Rota a construit une œuvre majeure de la musique savante italienne au XXe siècle, où l’on peut d’ailleurs inclure ses musiques pour la pellicule.
Si certains opéras, les œuvres sacrées, les partitions symphoniques ont connu une récente renaissance grâce à la dévotion de Giuseppe Grazioli, ses opus de chambre demeurent peu courus. Sous la houlette de Francesco Lombardi, qui sait tout de l’œuvre de Rota et signe le texte de cet album, les musiciens du Salon de musique ouvre cette boîte à secrets.
Les perles y abondent, où voisinent de tendres mystères avec des giocoso où la pointe sèche à la Stravinsky régale les timbres et les motifs. Mais Rota écrivait avec parcimonie, le Nonetto, voulu par le Nonette Tchèque, commencé en 1957, n’aura son point final qu’au milieu des années soixante-dix, mais chaque mesure de sa quasi demi-heure est un régal.
Les deux Trios composés à quinze années de distance démasquent l’évolution de son langage, le premier pour flûte, violon et piano (1958) est uniment brillant et virtuose, le second, pour clarinette, violoncelle et piano (1973) est un envoûtement poétique aux atmosphères et aux couleurs changeantes, avec une touche particulièrement française dans les harmonies et aussi un petit clin d’œil à Chostakovitch dans l’Allegrissimo.
Album précieux, et qui pourrait avoir un petit frère avec les mêmes interprètes aussi poètes que virtuoses : les Invenzioni, les Sonates, la Canzona, la Sarabanda e Toccata seraient l’occasion pour Eric Le Sage d’ajouter à un nouveau volume les autres Préludes (il nous laisse sur notre faim en n’en enregistrant que deux), mais aussi les Variations B.A.C.H, et puis le tout pourrait être piqué de mélodies.
Bravo à lui et à tous ses fidèles amis.
LE DISQUE DU JOUR
Nino Rota (1911-1979)
Trio pour flûte, violon et piano
Valzer sul nome Bach
Piccola offerta musicale
Nonetto
Trio pour violoncelle, clarinette et piano
Prélude XIII
Prélude II
Daishin Kashimoto, violon (Trio, Nonetto)
Joaquín Riquelme García, alto (Nonetto)
Claudio Bohórquez, violoncelle (Nonetto)
Aurélien Pascal, violoncelle (Nonetto)
Emmanuel Pahud, flûte (Trio, Piccola offerta, Nonetto)
Paul Meyer, clarinette (Piccola offerta, Nonetto, Trio)
François Meyer, hautbois (Piccola offerta, Nonetto)
Gilbert Audin, basson (Piccola offerta, Nonetto)
Benoît de Barsony, cor (Piccola offerta, Nonetto)
Olivier Thiery, contrebasse (Nonetto)
Éric Le Sage, piano (Trios, Valzer sul nome Bach, Préludes)
Un album du label Alpha Classics 746
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Photo à la une : le compositeur Nino Rota