On savait Jules Massenet capable de prodiges d’orchestre en dehors du théâtre lyrique depuis qu’André Cluytens puis Sir John Eliot Gardiner avaient enregistré les Suites, mais voici qu’avec ses Ecossais rôdés à la musique française, Jean-Luc Tingaud nous offre un plein album de raretés.
Beaucoup seront surpris par l’impact dramatique, la puissance d’évocation de l’Ouverture pour le drame d’Edouard Noël, ce Brumaire tonnant qui dépeint le coup d’état de Napoléon ; plus saisissant encore, Visions, son poème symphonique, sorte de paraphrase sur Les Préludes de Liszt dont la section centrale avec son violon éthéré produit un effet poétique surprenant, pas moins que la lointaine vocalise de la soprano à l’exorde.
Le brio plein de caractère d’Espada rappelle qu’il fut aussi un maître du ballet, Jean-Luc Tingaud se libérant de la danse pour mieux savourer les beautés d’une écriture virtuose et racée.
Le monde antique inspirera l’auteur de Cendrillon à l’opéra comme au théâtre : somptueux cortège d’invocations et de danses des Érynnies, grand geste dramatique de l’Ouverture pour Phèdre de Racine qui forment l’autre versant d’un disque précieux, sacrant les affinités électives du Royal Scottish et d’une étoile montante de la direction d’orchestre française. Il se murmure qu’ensemble, Pierné sera l’objet de leurs prochaines affections.
LE DISQUE DU JOUR
Jules Massenet (1842-1912)
Brumaire – Ouverture
pour orchestre
Visions – Poème
symphonique*
Espada – Suite
Les Érynnies – Musique de scène**
Phèdre – Ouverture pour orchestre
*Poppy Shotts, soprano
*Maya Iwabuchi, violon
** Aleksei Kiseliov, violoncelle
Royal Scottish National Orchestra
Jean-Luc Tingaud, direction
Un album du label Naxos 8.575178
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Photo à la une : le chef Jean-Luc Tingaud – Photo : © DR