Un piano romantique pour les tempêtes de sons du Premier Concerto ? Emergeant du tonnerre de la vaste introduction orchestrale où Brahms aura d’emblée proclamé son œuvre comme une symphonie avec piano, la sonorité du magnifique Blüthner choisi par Alexander Melnikov semblera un peu fluette, à mesure on se fait à son univers sonore modeste, qui fait entendre avant la puissance du discours, l’invention de la syntaxe du jeune Brahms et l’audace de son vocabulaire harmonique.
C’est déjà beaucoup, et ajoute dans les épisodes lyriques de l’Adagio, ou dans les fusées du Rondo des couleurs dans le haut médium et l’aigu, absolument inédites. Ivor Bolton soigne son soliste, attentionné à ne pas le couvrir, accordant la poésie des échanges vers une dimension intime qui n’est pas celle qu’évoque habituellement l’œuvre, et je suis déjà curieux de connaître la proposition originale de leur futur Deuxième Concerto.
Ouverture tragique mesurée jusqu’à être un rien trop tenue, ajout bienvenu de l’Ouverture d’Eliza de Cherubini, qui fut donnée en « lever de rideau » au concert de la création du Premier Concerto de Brahms le 15 janvier 1859 : on imagine le public leipzigois confronté, juste après cet ancien monde, à la révolution Brahms…
LE DISQUE DU JOUR
Johannes Brahms
(1833-1897)
Ouverture tragique, Op. 81
Concerto pour piano et orchestre No. 1 en ré mineur, Op. 15
Luigi Cherubini (1760-1842)
Eliza, ou le Voyage aux glaciers du Mont Saint-Bernard – Ouverture
Alexander Melnikov, piano (instrument Blüthner, ca. 1859)
Sinfonieorchester Basel
Ivor Bolton, direction
Un album du label harmonia mundi HMM 902602
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Photo à la une : le pianiste Alexander Melnikov – Photo : © Julien Mignot/harmonia mundi