Chercher le clavecin derrière le piano est une marotte qui commence à se faire vieille fille chez les pianistes se frottant à Bach, Aaron Pilsan s’y met lui aussi, mais pour produire comme à rebours l’effet inverse. Ce que tant veulent imiter du clavecin, articulations vives, tempos prestes, couleurs singulières, il l’ignore, voulant retrouver sur son Steinway moderne avec l’aide de son accordeur les saveurs harmoniques de l’instrument à cordes pincées.
Avouons que son beau Premier Livre si varié, qui ose le rubato, et sait tout du long chanter comme le faisaient d’autres « Viennois » avant lui (Badura-Skoda et Demus, plus que Gulda) fait vite oublier son souci du clavecin. Je savoure les fugues ardentes, le ton concertant, les gestes aux ornements si justes (et asses rares), la fluidité heureuse, et le giocoso qui fait sonner l’entre-cloches du Prélude en la bémol majeur, tout un monde de clarté et d’élégance dont le souci rhétorique semble banni. Qui s’en plaindrait ?
Et maintenant, vite, le Deuxième Livre.
LE DISQUE DU JOUR
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Le Clavier bien tempéré,
Livre I, BWV 846-859
Aaron Pilsan, piano
Un album de 2 CD du label Alpha Classics 669
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Photo à la une : le pianiste Aaron Pilsan – Photo : © Marie Staggat