Une démonstration du savoir-faire de Béla Bartók à l’intention des rutilantes phalanges du Nouveau Monde ? Tout au long d’un Concerto pour orchestre résolument différent, Susanna Mälkki et ses musiciens d’Helsinki que j’espère lancés dans un cycle Bartók qui n’en restera pas à ce troisième volume – il nous faudrait quand même la Cantata profana, les Scènes de village, les deux Suites et tous les cahiers de mélodies et de danses – répondent non, quitte à priver le Finale de ses affirmations virtuoses : ce qui s’y joue soudain prend une dimension tragique où, ironie !, l’ombre de Chostakovitch semble planer sur les épisodes piano. Stupeur, écoutez comment Susanna Mälkki construit le crescendo qui monte des abîmes, y dévoilant les souvenirs du Mandarin merveilleux.
Tout est ainsi, pensé pour nous reconduire au Bartók de l’Ancien Monde, et leur Concerto pour orchestre est beau comme un regret, élégiaque et fantaisiste dans l’Intermezzo interrotto où subtilement ironique au long d’un Giuoco delle coppie funambule, admirablement détaillé. Tout en cendres, l’Elegia est saisissante, et pas moins la grande progression du premier mouvement, montée d’un silence immémorial.
Fatalement, la Musique pour cordes, percussion et célesta est plus attendue, Mälkki en savoure les étrangetés sonores (l’Adagio est littéralement empoisonné) mais sans pourtant suffisamment en tendre les lignes (et nous tordre les nerfs). Revers d’un Concerto pour orchestre où elle aura autant cherché mais autrement trouvé.
LE DISQUE DU JOUR
Béla Bartók (1881-1945)
Musique pour cordes, percussion et célesta,
Sz. 106, BB 114
Concerto pour orchestre,
Sz. 116, BB 123
Helsinki Philharmonic Orchestra
Susanna Mälkki, direction
Un album du label BIS Records 2378
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Photo à la une : la cheffe d’orchestre Susanna Mälkki – Photo : © DR