Impressions d’orchestre

La belle idée d’enfin rassembler sur un disque les trois triptyques impressionnistes que Bohuslav Martinů composa entre 1955 et 1958 : il épurait son orchestre, l’éclairait de couleurs latines, lui donnait une fluidité onirique que Les Fresques de Piero della Francesca sacrèrent dès 1955. Un microsillon de Karel Ančerl les popularisa à l’Ouest, donnant un visage solaire et pourtant mystérieux à un compositeur jusque-là un peu ignoré des mélomanes.

Ecrire que Tomáš Netopil égale Ančerl serait mentir, il manque à sa battue la fermeté des rythmes, le piquant des accents, au point que ses Fresques ne sont que couleurs et plus du tout dessins, une simplification d’autant plus inexplicable que le reste de l’album est de première importance, Ouverture néo-baroque stylisée et vive, admirable lecture du rare Rocher, où Martinů célèbre dans une pompe tonitruante l’accostage des colons anglais aux rives de Plymouth comme l’a décrit William Bradford.

Tomáš Netopil et son orchestre magnifient les deux ultimes chefs-d’œuvre symphoniques : le flamboiement des Paraboles est irrésistible, et la beauté sensuelle du Jardin réussie comme jamais. Les étrangetés des Estampes, composées pour Robert Whitney et son Orchestre de Louisville dévoilent quant à elles les nouveaux mondes sonores que Martinů exploraient avant que la mort ne l’emporte.

Disque fascinant, et indispensable même si vous devrez chercher les Fresques chez Ančerl ou Kubelík.

LE DISQUE DU JOUR

Bohuslav Martinů
(1890-1959)
Ouverture, H. 345
Les Fresques de Piero della Francesca, H. 352
Le Rocher, prélude symphonique, H. 363
Les Paraboles, H. 367
Estampes, H. 369

Orchestre Symphonique de la Radio de Prague
Tomáš Netopil, direction

Un album du label Supraphon SU 4295-2
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Photo à la une : le chef d’orchestre Tomáš Netopil – Photo : © Petra Hajska