Ses mélodies, pourtant admirables, m’ont toujours laissé de marbre, mais comment ne pas concéder une parcelle de génie à Fanny Hensel en entendant le lyrisme ténébreux, les silences interrogatifs qui ouvrent son Quatuor ?
Moment troublant que vient vite effacer un Scherzo écrit sur les pointes, comme le faisait son frère. D’ailleurs, le véritable objet de ce nouveau disque des Takáacs est bien Felix, dont le génie saisit dès l’entrée cravachée du Quatuor en fa mineur. L’exaltation romantique s’incarne dans le plein jeu des archets des Takács qui refusent d’alléger les polyphonies comme le firent tant d’autres quatuors d’abord enclins à faire entendre les arrière-plans classiques de cet univers. Non, les Takács l’entendent radicalement romantique tout au long d’un Opus 80 qu’ils tirent du côté de Schubert, et je les suis volontiers.
Etrangement, pour les divagations sonores du magique Quatuor en la mineur, où passe le souvenir des Harpes de Beethoven, la profondeur de leurs alliages harmoniques, la plénitude de leurs archets font également mouche, entraînant l’œuvre vers un espressivo ténébreux qui en change radicalement le visage. Bravo !, mais maintenant il faut poursuivre chez Mendelssohn !
LE DISQUE DU JOUR
Fanny Mendelssohn-Hensel (1805-1847)
Quatuor à cordes en mi bémol majeur
Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847)
Quatuor à cordes No. 6 en fa mineur, Op. 80
Quatuor à cordes No. 2 en la mineur, Op. 13
Quatuor Takács
Un album du label Hypérion CDA68330
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Photo à la une : les membres du Quatuor Takács – Photo : © Amanda Tipton