Vincent Dumestre avait déjà immergé son art éloquent dans quelques grands motets, le voici qui ose un premier album sans voix, retournant naturellement à Delalande dont il offre ici trois Suites pour le Grand Couvert en les aménageant à partir des diverses sources.
Merveille, il habille de son orchestre versicolore où paraît une vraie musette les musiques savantes et savoureuses que Delalande assembla au long de ces pages qui sont d’abord des suites de danses. Mais il fait entendre surtout cette confluence entre le grand style français imposé par Lully – les Symphonies pour les Soupers du Roi sont composées après la mort du Surintendant, Delalande règne désormais en maître absolu sur la musique de la Chapelle, comme sur celle du Palais – et les innovations que Delalande fait paraître en y mêlant des pièces de caractère, en y réemployant des éléments de ses fééries théâtrales ou de ses ballets mythologiques.
Dumestre et sa belle bande se régalent de ces musiques et n’hésitent pas à les encanailler d’habillages rustiques (le Tambourin de la Suite en sol), c’est tout le goût français qui y rayonne avec ce mélange inimitable de brio et de mesure, mais il faudra revenir à l’intégrale d’Hugo Reyne et de la Simphonie du Marais (harmonia mundi) pour prendre la mesure des audaces si sensibles de la nouvelle proposition : c’est en participant à cet enregistrement que Vincent Dumestre se toqua des œuvres de Delalande, qui pourrait lui donner tort !
Demain, quitte à poursuivre dans la divulgation des musiques de festins, aurait-il la curiosité d’aller voir du côté de Francoeur ?
LE DISQUE DU JOUR
Michel Richard Delalande (1657-1726)
Symphonies pour les Soupers du Roi
Suite en sol mineur
Suite en ré mineur
Suite en mi mineur
Le Poème harmonique
Vincent Dumestre, direction
Un album du label Château de Versailles Spectacles CVS048
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Photo à la une : le compositeur Michel Richard Delalande – Photo : © DR