Gerd Albrecht, fidèle à son art, s’était engagé à enregistrer pour Orfeo des opus délaissés, de la Sainte Ludmila de Dvořák aux Soldaten de Gurlitt.
Venant à Janáček, compositeur qu’il révérait, il aurait sans doute gravé toute l’œuvre si l’éditeur munichois le lui avait demandé. Las !, il offrit une version transcendante du rare Osud, mais ni Kátia Kabanová, ni L’Affaire Makropoulos.
Orfeo voudrait-il deux rares opus d’orchestre, les Danses de Lachie et la petite symphonie déguisée qu’est l’encore moins courue Suite, Op. 3 ? Banco. Albrecht demanda d’y ajouter deux œuvres chorales, puisque que le Chœur de la Radio était accessible, le bref Hospodine ! et cette merveille aux dorures sombres qu’est le Notre Père : l’orgue, le décompte mystérieux de la harpe, un chœur orant et un ténor comme échappé du Journal d’un disparu. Œuvre sublime, du plus grand Janáček et du plus méconnu, Albrecht y insistant. Il l’aura placée à la toute fin du disque, la puissance suggestive de ce quart d’heure de musique ne supportant plus après lui que le silence.
Merveilleuse interprétation emmenée par Peter Straka qui déploie de son ténor ardent cette icône sonore dont Gerd Albrecht soigne les atmosphères célestes. Le reste de l’album se savourera tout autant, Danses de Lachie emplies de paysages (sans pourtant la verdeur qu’y mettait Břetislav Bakala), Suite Op. 3 piquante, alerte, mais c’est à la dernière plage que vous vous émerveillerez.
LE DISQUE DU JOUR
Leoš Janáček
(1854-1928)
Danses de Lachie, JW VI:17
Suite, Op. 3, JW VI:6
Hospodine! (Seigneur,
ayez pitié de nous), JW III:5
Otče náš (Notre père),
JW IV:29
Lívia Ághová, soprano
Birgit Remmert, mezzo-soprano
Peter Straka, ténor
Pavel Daniluk, basse
Peter Dicke, orgue
NDR-Chor
WDR-Rundfunkchor und- Sinfonieorchester Köln
Gerd Albrecht, direction
Un album du label Orfeo C059051A
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Photo à la une : le chef d’orchestre Gerd Albrecht – Photo : © DR