Le boy au sérail

Déboulant au Festival de Salzbourg, Van Cliburn y annonçait tout un programme Brahms dont il ne restera au final que l’Intermezzo Op. 118 No. 1 et la Ballade du même opus ouvrant le concert dans un flot de pédale.

L’énergie inquiète de son Appassionata aura mieux saisi un public peu habitué à cette fougue juvénile, Backhaus, Kempff ou Arrau arpentant d’autres mondes. Pari gagné dès lors, malgré un piano qui claironne sous des doigts si secs, mais qui animent une prodigieuse Sonate de Barber comme à revers de celles, plus orchestrales, que dispensaient alors Vladimir Horowitz ou Shura Cherkassky.

Le plus beau reste bien une Troisième de Chopin lumineuse à force de drive et de simplicité, où soudain dans le second thème de l’Allegro maestoso (il fait la reprise), Van Cliburn chante et phrase avec une présence poétique qu’il savait parfois faire paraître derrière le virtuose électrique.

Bravos, salle debout, le prodige a gagné l’admiration des festivaliers, mais jamais il ne s’assoira de nouveau au piano du Mozarteum.

LE DISQUE DU JOUR


Johannes Brahms
(1833-1897)
6 Klavierstücke, Op. 118
(No. 1. Intermezzo, No. 3. Ballade)

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour piano No. 23
en fa mineur, Op. 57
« Appassionata »

Samuel Barber (1910-1981)
Sonate pour piano en mi bémol mineur, Op. 26
Frédéric Chopin (1810-1849)
Sonate pour piano No. 3 en si mineur, Op. 58

Van Cliburn, piano
Enregistré en concert à Salzbourg le 3 août 1964

Un album du label Orfeo C841111B
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Photo à la une : le pianiste Van Cliburn – Photo de couverture
d’un LP Chopin LSC-2576 paru chez RCA – Photo : © Sony Classical