Un brillant Trio néo-classique, masqué en Sérénade, aux mouvements vifs motoristes, d’une écriture harmonique piquante, mais où soudain le violon vient suspendre le temps au début de l’Andantino : nous sommes en 1953, l’année précédant la mort de Karol Rathaus, qui semble se souvenir dans son exil américain du Berlin des années vingt. L’œuvre vous étourdira par sa qualité d’écriture enivrante que les musiciens du Karol Rathaus Ensemble jouent en virtuoses.

Pourtant, le chef-d’œuvre est l’autre Trio, composé durant l’été 1944 à Hanover, dans le New Hampshire. La clarinette et le violon y tissent des souvenirs de mélodies polonaises avec de nouveaux idiomes sensibles aux musiques américaines contemporaines : il y a quelque peu de Copland dans le lyrisme comme dans les épisodes rythmiques, et toujours cette plume virtuose qui sait marier une syntaxe classique et une verve harmonique rappellent que Rathaus appartenait à cette génération de compositeurs modernistes, osant l’iconoclaste, celle des Schulhoff, des Ullmann, des Krása.

Lui au moins aura échappé à l’Holocauste, mais hélas, son œuvre tarde à être divulguée. Puisse DUX poursuivre l’exploration de son catalogue, cet album parfait est déjà un éloquent ambassadeur.

LE DISQUE DU JOUR

Karol Rathaus (1895-1954)
Trio-Sérénade pour violon,
violoncelle et piano, Op. 69 (1953)
Trio pour clarinette, violon et piano, Op. 53 (1944)

Karol Rathaus Ensemble

Un album du label DUX 1712
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Photo à la une : le compositeur Karol Rathaus – Photo : © DR