Brahms a écrit son Concerto pour Joachim, avec plus qu’une pointe de paprika afin d’épicer un Finale à la hongroise qu’Emmanuel Tjeknavorian et Cristian Măcelaru savourent tout en le tenant d’une main ferme.
Cette manière de rester droit et élancé dans le giocoso, Emmanuel Tjeknavorian l’assume de son archet crane, prestance, élégance et caractère, l’orchestre de la WDR se parant de teintes sombres. Ce n’est pas la seule merveille de cette nouvelle version, le vaste paysage déployé au long de l’Allegro molto doit autant au pouvoir expressif du violoniste qu’à la tension induite par la direction lyrique et assombrie de Cristian Măcelaru (se souvient-il de l’enregistrement berlinois de Rudolf Kempe ? Ses phrasés tirés au cordeau l’évoquent en tous cas). Miracle, l’Adagio est serein comme la surface d’un lac de montagne en été, pastorale intemporelle.
L’album se complète des deux berceuses de l’Op. 91 où Tjeknavorian troque son violon pour l’alto afin d’enlacer le mezzo de demi-lune d’Anna Lucia Richter qu’Andreas Haefliger porte sur le son immatériel de son Steinway, puis retrouve son violon pour deux lieder « sans paroles ». Merveilleux disque.
LE DISQUE DU JOUR
Johannes Brahms (1833-1897)
Concerto pour violon en
ré majeur, Op. 77
2 Gesänge, Op. 91
Wie melodien zieht es mir,
Op. 105 No. 1 (arr. pour violon et piano : Heifetz)
Wiegenlied, Op. 49 No. 4
(version instrumentale)
Emmanuel Tjeknavorian, violon, alto
Anna Lucia Richter, mezzo-soprano
Andreas Haefliger, piano
WDR-Sinfonieorchester
Cristian Măcelaru, direction
Un album du label Berlin Classics 0302073BC
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Photo à la une : le violoniste Emmanuel Tjeknavorian – Photo : © Uwe Arens