Hommage

13 mai 1981, Palais des congrès. Kirill Kondrachine devait diriger ce soir-là l’Orchestre de Paris, mais la mort l’aura emporté à Amsterdam le 8 mars.

Leonard Bernstein lui rend hommage, en dirigeant la 7e Symphonie de Gustav Mahler, sachant à quel point Kondrachine, soutenu par Chostakovitch, avait œuvré en U.R.S.S. pour la reconnaissance de l’auteur du Chant de la terre.

L’orchestre n’avait pas joué l’œuvre, peu importe, dès l’abyssale rumeur le ton exacte y est, la tension aussi, il n’y aura guère que les fuligineuses Nachtmusik où l’on pourra sentir les musiciens un peu étonnés, la seconde surtout. Peu importe, Bernstein leur laisse le temps, éparpille la mandoline dans les rubatos des cordes, retisse à mesure une symphonie de timbres stupéfiantes, effleurant comme avec une plume des sons irréels.

Mais les poisons du Schattenhaft, le grand poème goethéen du premier mouvement, l’ivresse solaire, le geste irrépressible du Finale emporté par la volée des timbales ! De son paradis, Kirill Kondrachine aura applaudi l’hommage, comme le public, transporté par cet océan de sons, debout après que Lenny, une dernière fois, a bondi sur son estrade.

Historique !

LE DISQUE DU JOUR

Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 7

Orchestre de Paris
Leonard Bernstein, direction
Enregistré à Paris, au Palais des congrès, le 13 mai 1981

Un album de 2 CD du label Saint-Laurent Studio YSL T-1222
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Photo à la une : le chef d’orchestre Leonard Bernstein – Photo : © DR/Warner Classics