Miroir de peine

Durant la décennie 1912-1923, un jeune compositeur néerlandais consacra les dix ans de sa vingtaine à la mélodie, écrivant sur des textes souvent français quelques merveilles de pur lyrisme que couronna un bref cycle, cinq mélodies, rassemblant des poèmes mystiques d’Henri Ghéon. Ce Miroir de peine qu’Aafje Heynis chérissait tant, est son chef-d’œuvre, c’est par lui, dans la voix pénétrée de spiritualité de la magnifique Roberta Alexander, que s’ouvre cette anthologie de l’œuvre d’Hendrik Andriessen.

Vous pourrez l’entendre ici dans la version avec orchestre que le compositeur acheva en 1933, revenant caresser les harmonies grégoriennes, les enveloppant d’un discret commentaire de timbres. Magique à force de nostalgie et d’introspection, comme les deux œuvres sacrées que Roberta Alexander ajoute, le sombre rayonnement de Magna res est amor, et la longue ligne courbe du Fiat Domine. Quelle musique !, qui rappelle une certaine fascination d’Andriessen pour les compositeurs baroques : ses Variations vont chercher leur thème chez Kuhnau, mais surtout chez Couperin, autre chef-d’œuvre composé en 1944, où la flûte et la harpe invitent le souvenir de Debussy.

Un second CD ajoute quelques opus concertants plus tardifs (fin des années soixante), où le langage nostalgique de ce compositeur secret, mélodiste inspiré, dont l’univers sonore m’évoque celui de Gerald Finzi, étend encore ses pouvoirs lyriques.

Solistes inspirés (le beau violoncelle de Michael Müller, le hautbois d’Hank Swinnen déroulant sa pastorale au long du Concertino, l’archet grave de Tinta Schmidt von Altenstadt dans le sombre Concerto pour violon), pour lesquels Thierry Fischer soigne de sa baguette audiblement amoureuse les textures subtiles d’Andriessen, qu’il est temps de (re)découvrir.

LE DISQUE DU JOUR

Hendrik Andriessen
(1892-1981)

CD 1

Miroir de peine
Magna res est amor
Fiat Domine
Roberta Alexander, soprano
Variation et Fugue sur un thème de Kuhnau
Variations sur un thème de Couperin
Paul Verheij, flute – Ernestine Stoop, harpe
Variations chromatiques
Tom Reinders, flute – Herman Vincken, hautbois –
Maurits Bosman, violon – Dmitri Ferschtman, violoncelle

Netherlands Chamber Orchestra
David Porcelijn, direction

CD 2

Concertino pour violoncelle et orchestre
Concertino pour hautbois et orchestre à cordes
Canzona pour violoncelle et orchestre
Concerto pour violon et orchestre

Michael Müller, violoncelle
Hank Swinnen, hautbois
Tinta Schmidt von Altenstadt, violon
Netherlands Chamber Orchestra
Thierry Fischer, direction

Un album de 2 CD du label Brilliant Classics 96105
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Photo à la une : le compositeur Hendrik Andriessen, en 1963 – Photo : © Nationaal Archief