L’intime et l’immense

Lorsque la première lamentation du Harpiste résonne, c’est Wotan qui la chante. Est-ce l’orchestre subtilement évocateur de Stefan Soltész qui transporte soudain l’intimité du poème de Goethe dans un monde lyrique ? Plutôt l’art déclamatoire de Dietrich Fischer-Dieskau, parvenu à son apogée au début des années quatre-vingt-dix, abandonnant le mordant, l’exposition jusqu’au-boutiste des consones, infusant dans une ligne de chant moins conquérante le paradis expressif des voyelles, et la douceur des pianissimos sur le fil du timbre.

Album de pure poésie, qui pourrait se résumer dans Anakreons Grab, miracle de tendresse.

L’orchestre de Wolf est fascinant, en ce qu’il semble proposer de toutes nouvelles versions des Lieder alors même que le texte n’en varie pas. Il n’instrumente pas, mais orchestre vraiment, créant des sfumatos, des paysages, qui entrent littéralement dans la psyché du texte, régalant l’art littéraire du baryton.

Lorsque les orchestrations sont d’autres plumes cela s’entend illico, aussi réussie que soit celle que Kim Borg se destinait, lui qui aimait inscrire à ses concerts avec orchestre les Michelangelo-Lieder qui referment ce disque unique.

LE DISQUE DU JOUR

Hugo Wolf (1860-1903)
Goethe-Lieder (extraits : No. 1. Harfenspieler I, No. 2. Harfenspieler II, No. 3. Harfenspieler III, No. 29. Anakreons Grab, No. 49. Prometheus)
Mörike-Lieder (extraits : No. 39. Denk’es, o Seele, No. 28. Gebet, No. 10. Fuβreise, No. 46. Gesang Weylas, No. 22. Seufzer)
Spanisches Liederbuch (extraits : No. 21. Herz verzage nicht geschwind, No. 17. Und willst du deinen Liebsten sterben sehen, No. 33. Sterb’ ich, so hüllt in Blumen meine Glieder)
Eichendorff-Lieder (extraits : No. 1. Der Freund)
3 Michelangelo-Lieder

Dietrich Fischer-Dieskau, baryton
Münchner Rundfunkorchester
Stefan Soltész, direction

Un album du label Orfeo C219911A
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Photo à la une : le baryton Dietrich Fischer-Dieskau – Photo : © DR