Ne soyez pas impatients, le Premier Livre suivra le Second cette année, Andreas Staier ayant bien enregistré tout son Clavier. Certains, je les suppose nombreux, y voient déjà, avant même d’entendre, l’aboutissement d’une longue fréquentation en Bach depuis ses premiers disques pour deutsche harmonia mundi, mais dès le grand geste de plein son qui ouvre le Prélude en ut majeur, c’est la porte d’un nouveau monde, et quasi d’un nouveau Bach qu’ouvre Andreas Staier.
Paradoxe, on a pu lui reprocher une trop grande rigueur dans ses Partitas, et même dans ses Goldberg, ici il dévore le texte avec un appétit évident, au point d’en faire pour l’auditeur une nourriture, le savoure, s’émerveille devant les innombrables trouvailles et magnifie ce pour quoi ce clavier est écrit d’abord, l’élévation, jusqu’à une dimension spirituelle, du contrepoint.
Il y a de L’Art de la Fugue dans ce Second Livre, mais les élévations qu’Andreas Staier proclament ne sont pas moins saisissantes que la fantaisie sans frein, l’imagination tendre (le Prélude en ut dièse majeur, en jeu de luth), les échappées belles des Préludes.
Littéralement deux univers en un, que les sonorités profondes et pourtant alertes de l’Anthony Sidey d’après le Hass de Hambourg réunissent en une vaste symphonie.
L’album est dédié à la mémoire d’Eva Coutaz. Puisse-t-elle l’entendre en son paradis.
LE DISQUE DU JOUR
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Das wolhltemperierte Klavier II – 24 Préludes & Fugues, BWV 870-893
Andreas Staier, clavecin
Un album de 2 CD du label harmonia mundi HMM 902682.83
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Photo à la une : le claveciniste Andreas Staier – Photo : © Didier Taberlet