Leonore

Été 1983, Salzbourg retrouve le Fidelio exemplaire monté par Leopold Lindtberg l’année précédente, génial régisseur de théâtre auquel le Festival avait « offert », pour ses quatre-vingt ans, de mettre en scène l’opéra de Beethoven. Lorin Maazel se trouva d’emblée au diapason de cette scénographie vive, ses tempos prestes renouvelant l’écoute des auditeurs du Festspielhaus, le souvenir des textures claires obtenues par Karl Böhm s’y rappelle.

Distribution formidable sur le papier, mais en 1983, James King n’a plus les aigus de son insolente jeunesse, sa grande technique lui permettant tout de même de triompher de son air en faisant entendre la limite absolue de son instrument : il préfère oser que rester dans sa zone de confort, vrai chanteur de scène.

Les clefs de fa sont formidables, le Pizarro de Theo Adam surtout, monstre froid resté inimité, le couple ancillaire regarde vers Mozart, la sensation de la soirée restant la Leonore d’Eva Marton, grande voix flamboyante que rien n’avait encore alourdi, timbre clair et mordant dont l’« Abscheulicher », sensible jusqu’en son raptus, reste un de ses plus grands moments en scène. Pour elle, pour la vie fusante que distille ici Maazel, autrement plus inspiré qu’en son enregistrement de studio pour Decca, on devra aller ici.

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Fidelio, Op. 72

Tom Krause, baryton-basse (Don Fernando)
Theo Adam, baryton-basse (Pizarro)
James King, ténor (Florestan)
Eva Marton, soprano (Leonore)
Aage Haugland, basse (Rocco)
Lilian Watson, soprano (Marzelline)
Thomas Moser, ténor (Jaquino)
Horst Hiestermann, ténor (Erster Gefangener)
Kurt Rydl, bass (Zweiter Gefangener)

Chor der Wiener Staatsoper
Wiener Philharmoniker
Lorin Maazel, direction

Un album du label Orfeo C90814421
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Photo à la une : le chef d’orchestre Lorin Maazel – Photo : © DR