Le violoncelle émerge d’une machine céleste que l’orchestre rumine, mouvement qui se ralentit, se distend, jusqu’à ce qu’un concert mi-étoiles mi-oiseaux ne vienne consteller ce cosmos de sons. Quelle œuvre, qui dans son Finale invite la part dansante d’un raga stylisé où le violoncelle fait assaut de batterie avec les congas et les bongos, mantra d’ivresse, danse de sons.
Esa-Pekka Salonen avait écrit son Concerto à l’’intention de Yo-Yo Ma, délivré du souci de la technique, et il l’écrit prodigieusement complexe pour le soliste. Depuis l’enregistrement du compositeur pour Sony, j’en espérais une nouvelle version.
Nicolas Altstaedt transfigure l’œuvre, chantant éperdument dans cette tapisserie mouvante que Dima Slobodeniouk forme avec un art des nuances, une ductilité des rythmes qui en transcendent la poésie. Cette ivresse cosmique inouïe a trouvé ses médiums absolus.
Tout comme la Sonate de Ravel, son œuvre la plus radicale, qui explore les limites des deux instruments à cordes, véritable laboratoire d’inventions sonores. C’est ainsi que Nicolas Altstaedt et Pekka Kuusisto l’entendent, ardente, ardue, osant tout, au point que j’ai la sensation d’enfin en découvrir le vrai visage. Disque majeur.
LE DISQUE DU JOUR
Esa-Pekka Salonen
(né en 1958)
Concerto pour violoncelle et orchestre
Maurice Ravel (1875-1937)
Sonate pour violon et violoncelle, M. 73
Nicolas Altstaedt, violoncelle
Pekka Kuusisto, violon
Orchestre Philharmonique de Rotterdam
Dima Slobodeniouk, direction
Un album du label Alpha Classics 627
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Photo à la une : le violoncelliste Nicolas Altstaedt – Photo : © DR