L’exotisme érotique du sérail aura envahi l’imaginaire des compositeurs avant de polluer celle des peintres. Vienne assiégé par les Turcs aura inventé le croissant et importé les musiques des janissaires, vecteur de terreur, sur les scènes des théâtres pour le dompter jusqu’à le tourner en ridicule (Osmin !). Des évocations picturales, le remarquable livret qui accompagne ce beau disque, propose maints exemples, de Hickel à Gérôme, mais c’est le son de cet ailleurs en musique que le programme si inventif fait entendre.
L’Enlèvement au sérail y est par un air de Constance, et un duo, en français, les pages si pimentées de Grétry y abondent, donnant aux élans capiteux du soprano de Florie Valiquette de quoi enchanter ces portées souvent magiques. Tout l’album, proposant nombre de raretés, est une invitation au voyage traversée de pages brillantes que l’orchestre vivement mené par Gaétan Jarry épice à loisir.
Révélation dans la révélation, Nicholas Scott, ténor façon Simoneau, dont le Belmonte promet ! Mais j’y pense, et si Gaétan Jarry osait tout un Enlèvement en français ?
LE DISQUE DU JOUR
La Captive du sérail
Turqueries galantes
Airs et pièces d’orchestres tirés d’opéras d’André-Modeste Grétry, Paul-César Gibert, François-André Danican Philidor, Pierre-André Monsigny, Christoph Willibald Gluck et Wolfgang Amadeus Mozart
Florie Valiquette, soprano
Nicholas Scott, ténor
Orchestre de l’Opéra Royal
Gaétan Jarry, direction
Un album du label Château de Versailles Spectacles CVS5058
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Photo à la une : la soprano Florie Valiquette – Photo : © Bernard Valiquette