Tout Schubert, son plus intime en tous cas, serait-il enclos dans les six Moments musicaux ? Alexandre Tharaud ne répondrait pas non, qui, encore jeune homme les enregistrait pour Arion, les accompagnant de la petite Sonate en la majeur.
Il les retrouve aujourd’hui, les joue prestes, vifs, fait résonner leurs appels de postillon, savoure leurs mélodies aux mélismes hongrois, dans un piano modelé à l’infini. Cet art du toucher qui veut avant tout évoquer est la signature du pianiste, il lui permet d’éviter le pathétique, de ne rien charger, de trouver dans un geste serein le secret de ces musiques de presque-rien qui vous bouleversent mieux que des airs d’opéra.
Admirable de pudeur, de poésie, de simplicité, comme toujours chez lui, et cela vaut aussi pour les Impromptus, D. 899, qu’il débarrasse de tout grand geste, les jouant avec une sorte d’urgence qui les rend un peu ténébreux (son Allegro est admirable, fiévreux).
Mais courrez d’abord au centre de l’album : quatre pièces tirées de Rosamunde, que le pianiste transpose de l’orchestre à son Steinway, la fantaisie délicieuse de la Seconde Musique de ballet, les effets de chœurs d’opéra de l’Allegro de l’Ouverture pour La Harpe enchantée, le ton mozartien qu’il infuse au célèbre Andantino, l’élan un peu Weber qu’il met au Premier Entr’acte (et quel cantabile) voudraient que l’on puisse espérer pour demain d’autres transcriptions, augmentant avec bonheur le continent pianistique de Schubert.
LE DISQUE DU JOUR
Franz Schubert (1797-1828)
4 Impromptus, D. 899
Rosamunde, Op. 26, D. 797
(4 extraits : Ouverture ; No. 1. Entr’acte I ; No. 6. Entr’acte III ;
No. 10. Ballet II)
6 Moments musicaux, D. 780
Alexandre Tharaud, piano
Un album du label Erato 19029659921
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Photo à la une : le pianiste Alexandre Tharaud – Photo : © DR