L’album s’ouvre sur le vaste récitatif par quoi commence Carl Nielsen. Son Concerto titanesque, un roc, demande un archet de feu, Menuhin lui-même s’y exalta, gravant l’un de ses plus grands disques. Johan Dalene relève le défi, son archet parle, et parle large, porte loin, prophète absolument de cette œuvre qui exige une présence, une volonté. John Storgårds lui dresse cette muraille d’orchestre que le violoniste doit faire trembler, nouveau Jéricho. Remarquable version, qui sacre un gamin au regard pétillant, au sourire d’ange, un nouveau Menuhin.
Son Sibelius admirable de maîtrise – écoutez le tenir le Finale, refusant d’en faire un « numéro » – montre une toute autre dimension.
La supplique dolce, prise vite, qui ouvre l’œuvre, donne le ton d’une lecture lyrique. Chercher dans les ombres de l’œuvre le récit, comme perdu, d’un ancien conte noir. Lecture troublante, où la virtuosité ne paraît jamais jusque dans les parties à découvert : le récit s’impose, un continuum relie les trois mouvements, une couleur cendrée, mystérieuse, que l’orchestre dosé avec art par Storgårds infuse, portant ce violon qui refuse l’éclat, chante sotto voce.
Troublante version, décidément d’un artiste, que j’aimerai entendre chez Bartók : la nature même de sa sonorité serait idéale pour le Deuxième Concerto.
LE DISQUE DU JOUR
Carl Nielsen (1865-1931)
Concerto pour violon et orchestre, Op. 33, FS 61
Jean Sibelius (1865-1957)
Concerto pour violon et orchestre en ré mineur, Op. 47
Johan Dalene, violon
Orchestre Philharmonique Royal de Stockholm
John Storgårds, direction
Un album du label BIS Records 2620
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Photo à la une : le violoniste Johan Dalene – Photo : © DR