Chopin vénérait Mozart et Bach, un classique absolu qui ordonnait son romantisme avec art. C’est ainsi que le joue François Dumont, avec une hauteur de vue stupéfiante qui essore la moindre goutte de sentimentalité, mais pas l’émotion, envisagée comme une vertu elle-même esthétique.
La pudeur des phrasés, l’équilibre parfait d’un jeu à dix doigts qui ne laisse rien de côté, une tempérance sévère qui n’est pas sans rappeler Claudio Arrau, voilà qui dévoile la sombre lyrique des Ballades.
Génie, l’art de commencer chacune comme un conte : ce que dit ce piano, c’est tout le romantisme noir, la part d’ombre du discours, mais sans aucun des excès qu’on y entend si souvent. L’admirable couleur un peu moirée de son Steinway le dispense de disperser son jeu : tout y sonne d’évidence, avec un naturel confondant. Mais comment ne pas entendre tout ce qu’il y a de magistral dans cet art si dominé qui soudain donne aux Impromptus des ampleurs qu’on ne leur connaissait pas ?
Plus rien d’un piano de salon, mais comme les Ballades, de vrais paysages et de vrais récits, sous les doigts de ce magicien qui va droit au cœur des secrets de Chopin, les transmue dans l’altitude vertigineuse de son art.
LE DISQUE DU JOUR
Frédéric Chopin (1810-1849)
Ballade No. 1 en sol mineur,
Op. 23
Ballade No. 2 en fa majeur,
Op. 38
Ballade No. 3 en la bémol majeur, Op. 47
Ballade No. 4 en fa mineur,
Op. 52
Impromptu en ut dièse mineur, Op. 66 (Fantaisie-Impromptu)
Impromptu No. 1 en la bémol majeur, Op. 29
Impromptu No. 2 en fa dièse majeur, Op. 36
Impromptu No. 3 en sol bémol majeur, Op. 51
François Dumont, piano
Un album du label La Musica LMU030
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Photo à la une : le pianiste François Dumont – Photo : © Jean-Baptiste Millot